
le dimanche 17 novembre 2024
en la salle Roger Planchon de Saint-Chamond,
à l’invitation des Amis des orgues de Saint-Pierre
dans le cadre de leur saison Musique à Saint-Pierre.
La Quinta Pars se consacre à une restitution historique, dynamique et créative du patrimoine musical fascinant de l’Europe de la Renaissance. En écho aux tableaux de la Renaissance représentant des musiciens concertant au moyen d’un mélange éclectique d'instruments anciens, La Quinta Pars associe avec générosité la diversité sonore et expressive de son instrumentarium. Cette variété de timbres permet de souligner l’indépendance de chaque ligne de la polyphonie et l’individualité de chaque artiste, tout en permettant une large texture sonore, ample et unitaire.
À travers une démarche d’interprétation cherchant à valoriser les richesses esthétiques et humaines de l’Europe de la Renaissance, l’ensemble propose une relecture approfondie de certaines des innombrables sources imprimées et manuscrites de cette période nous étant parvenues. Conscients des limites artistiques d’une transmission musicale par l’écriture, restreintes à un texte brut devant être enrichi par l’interprète en fonction de sa personnalité et de critères techniques informés, les musiciens de La Quinta Pars rejoignent les procédés d’oralité propres à une interprétation collective spontanée.
Les cinq musiciens de l’ensemble (Morgan Marquié, luth et direction, Virginie Botty, flûte à bec, André Costa, violon, Haruna Nakaie et Lucas Alvarado, violes de gambe) interprèteront leur programme intitulé Harmonic Tresaury composé de chansons à 3, 4 et 5 parties, danseries et diminutions. À partir de l’année 1528 et sous le règne de François 1er, Pierre Attaingnant imprime à Paris les premiers recueils de Chansons Musicales à Quatre Parties, à une période où ce genre prédomine dans le paysage musical de la Renaissance. La génération de compositeurs tels que Claudin de Sermisy, Thomas Crécquillon ou Clément Janequin, donne ses lettres de noblesse à une musique constituée de quatre voix mélodiques indépendantes, dialoguant entre-elles par imitations et superpositions. Ce dense réseau mélodique répond à l’esthétique d’un son plein et malléable. Il nous fascine aujourd’hui par le potentiel de sa richesse expressive.
Lorsque la musique d’une nouvelle génération de musiciens est éditée dans les décennies suivantes, l’ajout d’une cinquième voix aux chansons déjà existantes et connues de tous devient un exercice de virtuosité réservé aux plus fins compositeurs, dont Roland de Lassus est la figure de proue. L’intégration de cette Quinta Pars, très caractérisée et ornée, provoque une définition nouvelle de l’idéal musical : le spectre sonore s’élargit et les dialogues se complexifient – chaque musicien raconte encore davantage sa propre histoire avec liberté et spontanéité au sein de sa ligne mélodique. Au cours de ce concert, la musique de danse et les pièces instrumentales font contraster ce répertoire avec élégance : pavanes, gaillardes, diminutions et fantaisies se mêlent aux chansons et font émerger une temporalité singulière, large et immuable.
La dernière partie du concert proposera un répertoire de transition entre Renaissance et Baroque. À partir de la recréation de Canzone récemment mises à jour et provenant de la bibliothèque de Malatesta Albani, l’ensemble fait cohabiter l’équilibre harmonieux du style ancien avec les mouvementées Nuove Musiche italiennes du début du 17e siècle.